La Vinothèque du Léman
Cette semaine, direction le Pays de Gex, une région dont je suis originaire et qui se situe dans l’Ain, à la frontière avec la Suisse et Genève.
Cette semaine, direction le Pays de Gex, une région dont je suis originaire et qui se situe dans l’Ain, à la frontière avec la Suisse et Genève.
Si le vin vous passionne, vous ne pourrez passer à côté d’un caviste fort réputé dans la région, et à juste titre, tant du côté français que suisse : j’ai nommé La Vinothèque du Léman. Le magasin principal se situe à Ferney-Voltaire mais il existe également un autre magasin à Saint-Genis Pouilly.
Tradition et découvertes
Cette cave a été créée il y a un peu plus de 20 ans par Jean-Christophe Boudot. Issu d’une famille de négociants en vin depuis cinq générations, ce professionnel reconnu a réussi à regrouper au sein de ses établissements de quoi faire le bonheur d’à peu près n’importe quel amateur de vin, tous styles confondus.
Je fréquente cet établissement, et plus particulièrement la boutique principale de Ferney-Voltaire, depuis une grosse quinzaine d’années. J’irais même jusqu’à dire que j’y ai vécu mes premières émotions gustatives grâce à un Bourgogne blanc 2003 du domaine Leflaive qui m’avait beaucoup marqué à l’époque. Un nouveau monde s’ouvrait à moi dans lequel j’étais impatient et excité de plonger.
Au fil des ans les conseils de Jean-Christophe et de son équipe m’ont permis de former mon palais. Au-delà du fait que cette cave propose un nombre de références proprement hallucinant, couvrant toutes les régions de France et au-delà, avec une prédilection pour la Bourgogne, Bordeaux et le Rhône, ce que j’y apprécie particulièrement réside dans le fait qu’au-delà des grands noms, il y a un véritable travail de recherche pour proposer de nouveaux domaines et de nouvelles références. C’est par exemple là que j’ai découvert le Clos de la Barthassade, Combel-la-Serre, Elian Da Ros, Vincent Dancer ou encore Thibaud Boudignon.
Chaque passage est donc l’occasion de faire un réassort de certains domaines ou d’en découvrir de nouveaux. Chose faite en cette fin février 2023, autour de trois vins très différents.
Un riesling alsacien consensuel et irrésistible
Le premier vin est la cuvée Vibrations 2021, un riesling sec en appellation Alsace produit par le Vignoble du Rêveur, un domaine dirigé par Mathieu Deiss, en biodynamie, en parallèle du domaine familial Marcel Deiss, mondialement reconnu. J’avais entendu parler de ce domaine « parallèle » via le podcast « Le bon grain de l’ivresse », et Marie qui travaille à la Vinothèque du Léman m’a convaincu d’y goûter. Bien m’en a pris.
La robe du vin est à la fois dorée, mais d’un pâle disons… lumineux. Cela pourrait sembler contradictoire, mais non c’est bien cela.
Le nez est tendu, vif, minéral, mais on sent que les raisins ont été récoltés à parfaite maturité. Le toucher de bouche est soyeux, avec un peu de gras. Également tendu et sapide, avec un très bel équilibre entre l’acidité et une pointe d’amertume. Ce n’est certes pas un monstre de complexité mais le vin est très avenant et déjà parfaitement appréciable. Délicieux avec des toasts à base de truite fumée et citron confit. Le rapport qualité-prix est vraiment intéressant.
Pinot noir bourguignon de soif
Place ensuite à un Savigny-les-Beaune 2019 rouge de chez Simon Bize & Fils. J’avais déjà eu l’occasion de goûter des blancs de ce domaine, qui m’avaient laissé une bonne impression.
La robe est rubis plutôt clair, même pour un pinot noir, presque bonbon anglais. Le nez est sur la réserve, discret, peu expressif, sur les petits fruits rouges et les épices, légèrement poivré. Cela ne crie pas pinot noir au premier abord.
La bouche est marquée par une acidité assez prononcée, mais sans déséquilibre, où on retrouve les petits fruits rouges et les épices apparus au nez. On est plutôt sur un pinot noir prêt à boire dès à présent, sur la soif, par exemple en accompagnement d’un plat de viande grillée, un peu gras, comme une échine de porc, l’acidité du vin contrebalançant la graisse du porc. On aurait pu éventuellement espérer un pinot noir avec un peu plus de complexité ou de longueur, mais ce vin est plutôt à ranger dans la case du plaisir immédiat.
Sucre, fraîcheur et complexité en Loire
Troisième vin et véritable coup de coeur non seulement pour moi mais aussi pour d’autres dégustateurs pas forcément avertis : la cuvée Premières Tries 2020 de chez Terra Vita Vinum. Ce domaine en biodynamie situé dans l’Anjou noir ne cesse de m’intriguer. J’avais déjà eu l’occasion d’apprécier certains de leurs chenins secs, y compris à la Vinothèque du Léman, qui m’avaient séduit par leur équilibre, leur pureté. Il s’agit aujourd’hui d’une cuvée de chenin récolté tardivement sur des sols de schistes de l’Anjou noir. En résulte un vin liquoreux mais très digeste avec un taux d’alcool à 10,5%.
La robe est d’un beau doré, pas trop foncé. Le nez est réellement charmeur : on retrouve les marqueurs d’un chenin liquoreux, avec de la pomme cuite, des épices orientales, mais aussi beaucoup de fraîcheur.
En bouche l’équilibre est très agréable, avec de l’acidité et du sucre qui se contrebalancent harmonieusement. Sans être d’une complexité folle, c’est irrésistible. Ce vin peut s’apprécier autant pour lui-même qu’en accompagnement de moult types de desserts. Grâce à sa fraîcheur, il pourrait même proposer un consensus intéressant à ceux qui, comme moi, ont du mal à envisager un accord foie gras et vin liquoreux.
Les cavistes de qualité ne manquent pas dans la région, en France comme en Suisse, mais rares sont ceux proposant une sélection aussi réfléchie et vaste, si bien qu’amateurs avertis comme novices devraient y trouver leur bonheur sans problème.